2012 était grand, 2013 est
somptueux !
La meilleure note A donnée par la
Tribu d’A pour le millésime 2013 d’Allegria !
Les vinifications arrivent à leur fin.
Tous les vins ont à présent fini de fermenter et c’est le moment
de prendre un peu de recul pour juger la qualité des vins et du
millésime.
2013 est l’année des superlatifs:
les vendanges les plus tardives en Languedoc depuis 30 ans, les
fermentations alcoolique les plus longues pour les blancs et les
rosés et les plus courtes pour les rouges !
Nous ne vous dirons pas que c’est le
millésime du siècle ou de la décennie ; simplement c’est le
millésime le plus prometteur dans la courte histoire du Domaine
Allegria !
Revenons brièvement sur les origines
de ce grand millésime. L’hiver 2012-2013 a été particulièrement
sec avec un phénomène exceptionnel : aucune pluie au mois de
février. Heureusement le Printemps 2013 change la donne avec un mois
de mars et avril particulièrement frais et pluvieux. Notre
pluviomètre préféré situé sur le toit de la cave nous a indiqué
sur 1 an un cumul de pluie de 681 mm de septembre 2012 à septembre
2013. Alors que pour une année normale, c’est plutôt de l’ordre
de 500 mm. Dans notre Sud où l’eau manque souvent, ces pluies
excédentaires sont une bénédiction. Les mois de mars et avril sont
frais avec des températures inférieures de 3 degrés aux conditions
habituelles, avec pour conséquence un retard de 8 jours au
débourrement (éclosion des bourgeons de la vigne). Ce retard s’est
creusé pendant l’été avec les températures inférieures aux
conditions habituelles. Contrairement au printemps, l’été est
sec. Lorsque nous rentrons de vacances début août, les syrahs,
sensibles à la sécheresse, montrent déjà des signes de fatigue.
Heureusement, un gros orage le 7 août vient débloquer la
situation: 25 mm d’eau qui nous permettent d’envisager
sereinement les fins de maturation des raisins.
Premiers coups de sécateurs le 7
septembre alors que c’est le 22 août que nous avions démarré en
2012, soit 15 jours de décalage. C’est une parcelle de Syrah
que nous ramassons en premier pour élaborer notre Rosé. Vendanges
au petit matin à la fraîche: 9°C au thermomètre de la cave,
ce qui est rarissime début septembre. Cela nous permet de presser
tout en douceur sans extraire de couleur grâce à la température
très fraîches des baies de raisin. Avec au final, le rosé le plus
délicat et le plus pâle que nous ayons jamais réalisé. Nous
voilà sur les traces de nos voisins vignerons de Provence avec ce
« gris de gris » qui sera mis en bouteille en mars 2014.
Nous sommes fiers de ce magnifique Rosé qu’il a fallu savoir
attendre: 55 jours de fermentations alcoolique alors
qu’habituellement il faut 8 à 10 jours pour transformer tout le
sucre des raisins en alcool. Nous l’avons bichonné ce rosé ,car
le fait qu’il fermente si doucement, nous avions toujours la
trouille qu’il s’arrête tout d’un coup. C’est le cauchemar
du vigneron: un vin qui a encore 10 g/l de sucre résiduel avec
11-12 de grés d’alcool réel et une fermentation qui s’arrête.
Car pour arriver à redémarrer et faire en sorte que les levures
consomment ces 10 g de sucres résiduels, bonne chance ! Nous
l’avons bâtonné (remis en suspension les levures dans la cuve
ndlr) régulièrement pour dynamiser les levures et les aider
à fermentouiller, nous avons augmenté un peu la température de
fermentation, mais pas trop pour garder le profil aromatique du vin
sur la fraîcheur, nous avons apporté un peu d’oxygène mais par
trop pour que les levures se sentent bien. Bref, comme du lait sur
le feu. Et tant mieux, car le résultat final valait la peine de se
donner tout ce mal.
La plus petite vendangeuse
Le 7 septembre, 25 mm de pluie, cela
nous embête beaucoup. Comme tous les paysans, nous ne sommes jamais
contents: avant c’est bien, après aussi, mais pendant les
vendanges, la pluie ne nous plaît pas du tout. Notre crainte:
le développement de la pourriture avec cette humidité. Nous sommes
pourtant chanceux car c’est trois jours de Tramontane qui suivent.
La Tramontane est ce vent du Nord Ouest qui peut souffler très fort
et nous permet d’avoir beau temps quand les Parisiens sont sous la
pluie. En 24 heures, tout est sec. Ouf, plus de peur que de mal !
Le 10 septembre, nous ramassons la
marsanne et le 14 septembre la roussanne pour élaborer notre Tribu
d’A blanc 2013. Une nouvelle fois, les fermentations sont lentes
et nécessitent beaucoup de vigilance et d’attention. La marsanne
est vinifiée en cuve inox alors que la roussanne est mise à
fermenter dans des barriques de chênes français. Après 8 mois
d’élevage séparé, nous les assemblerons pour une mise en
bouteille prévue en juin 2014. Les vins en début d’élevage sont
élégants, frais, très aromatiques.
Le 19 septembre, nouvelle razzia des
sécateurs avec la vendange de notre parcelle de Syrah « Ane
Gourmand » et une première cette année : nous vinifions
cette syrah en « macération carbonique ». Cette
technique de vinification consiste à encuver les raisins en grappe
entière sans les érafler et en évitant de les écraser. Vendanges
donc en cagettes de 15 kg que nous basculons directement au dessus de
la cuve. Fermentation courte de 8 jours qui permet de produire un vin
très coloré et fruité. Voilà une base solide pour notre Petit
Bonheurs rouge. Nous sommes très satisfaits du résultat et c’est
une technique de vinification que nous poursuivrons l’année
prochaine.
Le 23 septembre, c’est au tour de
notre parcelle de Syrah « Mazet » et « Salomé ».
Jamais les syrahs n’ont été aussi belles que cette année.
Les grappes sont magnifiquement équilibrées sur les rameaux. Les
peaux des raisins sont épaisses et charnues. Le feuillage est d’un
vert intense, preuve de l’absence de stress hydrique. Au contraire
du rosé et des blancs, ces deux cuves de syrah fermentent « comme
des balles »: 8 jours à peine de fermentation
alcoolique. D’où la nécessité de travailler les cuves très vite
dès le départ de la fermentation et très intensément en l’absence
d’alcool. Quatre pigeages quotidien au pied permettent de mettre
régulièrement les peaux en contact avec le jus et d’extraire la
couleur et la structure recherchées.
Cette année, nous avons la chance
d’être épaulés pendant toutes les vinifications, par Nicolas,
notre stagiaire argentin surnommé « El Buracho » (sans
traduction ndlr). Nicolas est étudiant en agronomie et
œnologie à Mendoza et a travaillé en juin dans la Bodega Mendel,
le domaine de notre associé argentin, Roberto de la Mota. Vivre avec
lui pendant ces 3 mois nous a rappelé d’excellents souvenirs: les Andes nous manquent ! Nicolas découvre avec étonnement le
pigeage à l’ancienne, à la bourguignonne, au pied, que nous avons
toujours pratiqué depuis le début.
Nico notre super stagiaire argentin
En fin de macération, ces deux cuves
ont des airs de Syrah du Rhône Nord, un je ne sais quoi de Crozes
Hermitage et de Saint Joseph. Nous en sommes fiers !
Le 25 septembre, nous récoltons notre
Cinsault pour donner naissance à notre cuvée sans sulfites,
Cinsault Abuelo. Il a mis du temps à murir notre Cinsault cette
année.
Pour la première fois, nous rentrons
et encuvons tous les raisins sans ajouter aucun sulfite. Cette
pratique va nous permettre de retarder le plus possible l’opération
de sulfitage et donc de diminuer les doses cumulées de soufre dans
les vins à la mise en bouteille. Pour arriver à une dose d’environ
40 à 50 mg/l de soufre total, soit deux moins de sulfites que la
dose maximale autorisée. Avis aux amateurs, vous pourrez en boire
deux fois plus !!!
Seul le Cinsault Abuelo ne verra
jamais le soufre jusqu’à la mise en bouteille. C’est notre vin
« nature » !
Le 3 octobre, c’est notre essai 2013.
Chaque année, nous faisons des nouvelles expérimentations, nous
tentons des choses nouvelles. C’est ainsi qu’on avance, qu’on
apprend, qu’on s’améliore ! C’est ainsi qu’est né
notre Cinsault Abuelo et notre Miel de Monastrell. En 2013, le
vigneron a décidé de faire un essai de « macération
carbonique » sur la syrah ; la vigneronne a décidé elle
de faire un essai de vinfication de Muscat en vendange tardive. Nous
avons 2 rangées de Muscat entre notre Carignan et notre Mourvèdre.
D’habitude, ces 2 rangées de Muscat constituent la base de notre
« régime raisin » du mois de septembre, elle finnissent
rarement dans un pressoir mais plutôt dans les ventres réjouis de
la Tribu d’A. Cette année, nous nous sommes serrés la ceinture et
avons presque réussi à garder sur pied l’intégralité de ces
grappes de Muscat ! Le raisin est flétri avec des teintes
brunes: de vrais raisins de Corinthe gavés de sucre. Nous
récoltons tous les deux, en vignerons amoureux, 13 cagettes de Muscat
que nous partons rapidement presser chez des copains qui nous mettent à disposition leur pressoir de poupée. Au final, 80 litres de
muscat riche de 350 g/l de sucre. Soit l’équivalent de 200 demi
bouteilles! Pour le vinifier, la vigneronne court acheter une
cuve de poupée de 200 litres, trop mignonne. Bref, de la dinette, mais nous nous
sommes bien amusés et serons heureux de vous servir ce vin au
domaine à l’été 2014 !
Notre cuve "Playmobil"
Le 9 octobre, nous avons la grande joie
de vendanger notre vieille parcelle de Carignan avec les Frères et Sœurs de la Famille de Saint Joseph à Puimisson.
Ils étaient déjà venus l'année dernière et nous esperons que cela va devenir une tradition ! Une belle journée C’est un moment intense de travail ensemble,
d’éclats de rire et de partage. Avec comme récompense un
délicieux déjeuner de vendangeurs préparé Delphine et servi au soleil devant la cave.
Déjeuner de vendange
Le Carignan a compris tout le bénéfice
qu’il pouvait tirer des particularités du millésime: les
souches sont fournies, les grappes bien réparties sur chaque
rameau. C’est une récolte « historique » pour le
Carignan : 20 hl sur un demi hectare soit un rendement moyen de
40 hl/ha. Joli pour une vigne de 35 ans qui a encore de beaux jours
devant elle ! Là aussi, les fermentations vont bon train et
nous nous occupons activement des vins. Le 7 novembre, nous mettons
la moitié de la cuve vinifiée en barriques et conservons l’autre
moitié en cuve. Le vin est superbe: nous l’aimons de plus
en plus, notre Carignan.
Les dangers du métier
Le 10 octobre, rebelotte avec le
Mourvèdre, notre dernière parcelle. Magnifique Mourvèdre encore,
qui se révèle en cuve avec ses arômes poivrés. Une partie de la
cuve est assemblée avec la Syrah du Mazet pour donner naissance au
Tribu d’A rouge 2013 ; l’autre partie est mis en barrique
pour l’élaboration de Cousu Main 2013 ainsi qu’une surprise à
venir…
Le travail n’est pas fini: les
fermentations malolactiques sont en cours et il y aura jusqu’à fin
novembre des soutirages de mise au propre des vins avant l’hiver.
Puis les températures vont descendre et nous laisserons les cuves en
paix jusqu’au printemps prochain. Cette période essentielle va
permettre au vin de se clarifier naturellement.
Le millésime 2013 est véritablement
exceptionnel. C’est un cadeau de la Nature et aussi le fruit de
notre travail, car en 6 ans, nous avons cheminé et nous l’espérons
aussi progressé.
En janvier prochain, pour la première fois, nous vous
proposerons nos cuvées 2013 en primeurs: une façon de
proposer à chacun d’entre vous d’être sûr de découvrir ce
très grand millésime pour Allegria et le Languedoc.
les caisses de vendange remplies de Syrah
et les mêmes caisses de vendanges pour la cueillette de la lavande!